dimanche 24 décembre 2017

Allez, on va écrire

Je suis obsédé par l'espace qu'occupe mon corps
J'essaye de le réduire au maximum, en enlever le plus possible
Agglomérer avec la précision d'un rangement ergonomique
Mais rien y fait, l'âme se trimballe avec cette chair

Il faut faire comme si de rien n'était
Comme si on maîtrisait sa grâce, ses articulations préconçues
Je me regarde dans un miroir et je ne m'aime pas, j'aimerai me mordre
Me morceler, éparpiller tout cela qu'on n'entende plus parler de moi
Mais les résultats sont là, effarants, je suis matériel

Les illusions obnubilent mes pensées
Mes sentiments se reflètent dans l'eau de la baignoire
Je suis seul, nu, répands ma poussière
Et tout le shampoing du monde ne suffira pas à me laver entièrement

Le soir, enserrant mon oreiller, je rêve de beauté et calcule secrètement les probabilités
On s'arrête d'angoisse, respirant en silence, se faisant tout petit et se cachant du monde
Les recoins sombres deviennent des paradis, des oasis de tranquillité
Où l'on peut observer le rai lumineux sous la porte, guettant le moindre pied

Les voisins rôdent autour ce soir, un festin s'annonce
Je n'y suis pas invité, bien sûr, ma compagnie n'est pas recherché
J'appose mon oreille contre le mur, j'écoute les conversations
Je fais mon théâtre ce soir, et les acteurs dénoncent
Les malversations économiques, les apparatchiks
Les bonzes extrémistes et les jusqu'au-boutiste

Les gens boivent, mangent, et puis repartent. Tous!
Et il n'y a plus rien à écouter, plus rien à critiquer
Il reste le silence assourdissant, un manque cruel
De la vie de conserve, de gens confiants pour niquer

Au final, il n'y a plus que la masse, cette horrible masse
Qui s'entasse dans un grenier, qui s'ennuie dans la fatuité
Je reste semblable aux livres, montrant peu leur intelligence
Au premier venu. Lui doit se battre pour extirper sa matière
Il doit lire, interpréter avec sa culture personnelle

A la base, je devais écrire un roman, mais tout se transforme en poème
Ca ne rime pas parce que je ne le recherche pas.
Mais ça pourrait s'il le faut, si c'est ça que tu aimes
Les photos de guerre au matin du 6 juin de Capa

L'enfer de la mer en treillis, la mort au devant
Des plages bunkerisées par le fanatisme allemand
Celui du repli, peut-être celui que je vis
Je rêve ou je viens bien de conclure que je suis nazi?

Serait-ce donc ça l'ennui absolu, la régression des idées
L'habitude tuant toute notion d'humanité
L'aventure nécessaire à la tolérance mandatée
Et les villes traversées par les fainéants aidés

Les tambours s'agitent en tête de cortèges
Il s'agirait d'une manifestation pour protester
On ne m'a pas informé contre quoi, ça allège
Les questions à poser aux politiques détestés

Je me mets à crier des slogans anarchistes
La foule s'agglutine à moi, je suis porté
Mon oppression commence, carriéristes allumés
Qui financent les grandes opérations aéroportés

Fabulle

FR/EN

Bref, il ne se passe rien.
Je m'attends au pire à cette saison.
C'est juste une non-envie de travailler fatal
En attendant quoi, on ne sait plus que de raison
J'ai soif, faim, et rien pour vaincre mon moral
J'ai envie de sortir, d'entamer mon bien.

Il faut que je fasse quelque chose d'anormal
Qui surprend son monde, fasse son effet
Et qu'on ait peur de la critique assassine
D'un poème ravageur, d'un homme parfait
Je m'escrime, avec une vulgaire rapine
Et les autres s'engouffrent, thermal

J'aurais dû changer bien avant
Recréer les conditions sans façons
Et nager à n'en plus savoir bouger
Rester là, qu'on vous fasse la leçon
Et vous exhorte à revenir bouche bée
Écouter les discours des moulins à vents

Brassez autant que vous voulez
Je n'ai plus la force de riposter
Le combat était fort mal engagé
C'est gagné, je m'en vais m'enterrer
Vous ne m'entendez plus rager
Faites donc et ne revenez plus m'harceler

Je maudirai en silence, écrirai dans le noir
Je consumerai mes papiers, banderai mes yeux
Me couperai les oreilles faute d'espoir
Et sectionnerai mes nerfs d'un vœu pieux

Tout cela est bien triste

Fabulle

vendredi 3 février 2017

Du sang et des larmes

Le pluie fouettait mon visage
On se préparait au carnage
Du sang et des larmes
Et survint les drames

La première offensive fut lancée
On me retrouvera sûrement lacéré
Par les baïonnettes égarées
Et leurs outrageuses percées

On gagnait, on croyait
Le ciel, la boue, tout se déchaînait
Et quand un rayon lézardait
Le silence survint, on rentrait

Pour combien de temps cette routine
Ce quotidien d'obus et de balles
Quand est-ce qu'un sage ploiera l'échine
Face aux morts et nos ultimes râles

Fabulle 03/02/2017