samedi 31 janvier 2015

De nature encourageante

Quand des nuages passent au-dessus de ma tête
Et qu'une pluie fine en vient à tomber
Et que l'amour est presque à portée
C'est de nature encourageante, et peut-être

Que cette symbolisme de vie s'acharne
Que l'amour s'échine à planter des échardes
Dans mon cœur qui guette à la lucarne
Celle qui passe, la bonne, ma camarade

Alors sur ce banc où j'attends
Rassurez-vous, je ne me méprends
Je sais que rien ne tombe comme ça
Et pourtant, je n'attends que ça

Alors, reprenons le temps de partir à la capitale
Recouvrez mes aventures de poésie animale
Et recroire en les mots de passage
Et réécrire comme on retrouve un paysage

Fabulle 20/01/2015

L'ambiance du monde

Il y a des époques plus simples que d'autres
Où le temps s'en fout des pauvres et des riches
Qu'ils laissent tranquille sans guerre, ma biche
Et petit canapé four, au s'il vous plaît, pain d’épeautre

Auriez-vous vu ces événements d'attentat, chérie?
Oui, ça passait à la machine toute la journée
Et d'un poste à l'autre, ça décrit, ça crie
Et ils sont là, à disséquer, à se la ramener

Mais ne sous-estimons pas l'avis du peuple
Après tout, il s'agit d'éviter un autre 14 juillet
D'ailleurs, regarde, rien ne rime avec ce peuple
Ils changent d'avis comme on peut bailler

Mais bon, il s'agit quand même de participer
Faudrait qu'on envoie Martine acheter Charlie
Ça ferait d'un bel effet sur le buffet
Enfin le temps que tout ça se calme, darly...

(-ng) Fabulle 29/01/2015 

Car je sais que je vais mourir

Vous savez, la vie m'en a assez convaincu
Je crois bien qu'à un moment, je vais mourir
C'est inéluctable, un jour, je serai vaincu
Et mon souffle s'éteindra, ainsi que mon rire

Alors quels arguments pour cette assertion?
L'expérience d'abord, de ma propre vue
Voir les plus grands lutter et rater l'évasion
Et ceux qui se font oublier, tomberont pourtant drus

Et puis, il y a le temps, je vois qu'il passe
Et qu'à aucun moment, il ne s'arrête
Que ce soit de l'air, les gens qui brassent
Ou se terrent dans les bars dans le coin ronflette

Alors, je crois que je vais mourir, mais on s'y fait
Après tout, on y passe tous, alors que ce soit moi
Mais bon, sait-on jamais, je suis peut-être parfait
Et l’œuvre que Dieu voulait, pourquoi pas, ma foi...

Fabulle 29/01/2015 

vendredi 16 janvier 2015

La feuille du poète

Il y avait cet arbre près de la rivière
Que je voyais chaque jour en allant travailler
Et j'ai appris qu'il était menacé, tenaillé
Entre un projet de construction et la bruyère

J'ai vu les grues un jour arrivé, mon arbre isolé
Les ouvriers creusaient encore loin de mon ami
Je savais bien qu'un jour, ils l’abattraient, désolé
Et qu'il l’oublierait pour du béton, sa pandémie

Alors une nuit où je pouvais voir à la lune
J'ai franchi les barrières du chantier, clandestinement
En poète, marché vers cet arbre et ses runes
Laissés par des enfants s'aimant tendrement

Et j'ai détaché une feuille, empoché dans mon jean
Car c'est tout ce que je pouvais sauver avec mes moyens
Et le lendemain, l'arbre déraciné, tronçonné pour rien
Ma feuille dans la main, je lutte silencieux contre le crime

Fabulle 15/01/2015

La France en marche

Les mauvais esprits qu'ils sont, diraient qu'elle piétine
Tant le monde s'empare de la rue, de l'avenue
Et de liberté qu'on croyait préservée, clandestine
Et qu'elle surgisse comme cela, tombant des nues

J'ai vu tant de pancartes, de dessins depuis mercredi
Que je me suis demandé pourquoi on parlait pas avant
Alors que les Lumières criaient malgré les édits
Et ne se cachait pas pour rire contre un paravent

Et puis à la fin du plus grand piétinement de l'histoire
Après que j'ai parlé à des inconnus, applaudi dans la rue
Après que ces Français de poètes nous redonnent espoir
Revient la réalité, et les questions diviseuses des élus

Alors mais vers ou marche-t-elle la France?
J'espère vers plus de poésie, d'intelligence et de vie
Car des États-Unis d'après, je ne veux épouser l'odeur rance
De la suspicion, des insultes xénophobes, de l'histoire, sévit

Fabulle 15/01/2015

jeudi 8 janvier 2015

Je suis Charlie (et vous aussi)

Je sais que les mots peuvent paraître vain face aux actes
Je sais que je ne suis rien face à ça
Je ne sais pas avec qui ceux-ci ont fait un pacte
Et je sais que les poètes sont plus forts que ça

Que les Français s'appellent aujourd'hui Charlie
Et qu'ils lèvent tous leurs crayons dans le ciel
Et qu'ils dessinent pour être libres sans délits
Et que maintenant plus rien n'aura le goût de miel

Restent les dessins, les traces de nos frères assassinés
Et la une de demain "Car ils ont cru que ça allait nous tuer!"
Bien sûr, nous sommes morts, mais de ça, l'on renaît
Avec des amis en moins, mais plus solides que jamais

Alors, je voudrais tous les citer, ceux que je connaissais
Et ceux que je ne connaissais, Charb, Cabu, Wolinsky
Honoré, Maris et Tignous, alors je vais parler de décés
De choses horribles, levant pour eux mon verre de whisky

Fabulle 07/01/2015