mardi 28 mai 2013

L'église sous l'église

J'avais déjà visité des cryptes
Des vestiges d'églises sous églises
Mais jamais une vraie église sous église
Et pour vous, non-Lyonnais, je décrypte

Basilique de Fourvière, après une montée
Qui après 5 kilomètres de marche est harassante
Donc montée puis arrivée sur l'envahissante
Eglise citée ci-dessus, je vais vous raconter

Que la basilique, même si chargée, normale
Je visite, fait le tour, découvre une entrée
Descends sous la basilique, et cette contrée
C'est une église, assez grande, même normale

Alors qu'est-ce qui leur a pris, deux églises
Pour le prix d'une, les fidèles suivront-ils?
En tout cas, voilà un château fait d'idylles
D'architecte incompris, vivant dans la hantise

Fabulle 27/05/2013

Traboules

Je traboule à Lyon, je vais chez les gens
Et je me dis qu'ici, c'est le centre du monde
Car tout le monde vient chez toit, indigents
Et rois pour admirer balcons et rotondes

Je me glisse dans l'interstice d'une porte
Qu'un habitant a laissé négligemment ouverte
Je monte un escalier, suit une cohorte
Descends par un autre, voient des plantes vertes

Et me voilà dans l'autre rue, reste alors
A trouver une autre traboule pour repasser
De l'autre côté, à la chasse, non à l'or
Mais aux traboules, laissez-moi passer

J'en ai une, aïe, pardon monsieur, pas vu
Vous habitez-ici? Alors faîtes-moi visiter
Et me revoilà parti chez Jean la Bévue
Ces copains l'appellent comme ça dans la cité

Fabulle 27/05/2013

Aux toilettes

Cela représente bien un 160ème de notre vie
Et on n'en parle jamais en poésie
Même si à l'époque, il n'y avait la plomberie
D'aujourd'hui, on aurait pu en parler, mais d'hérésie

On aurait taxé ceux qui "Aux latrines"
Auraient nommé leurs poèmes, moi, je me saisis
De tous les sujets, ceux qu'on ne voient en vitrine
Car il faut de la classe face aux passants d'Asie

Alors je vais vous dire ce que je fais aux toilettes
Chose que personne n'avouera jamais de toute façon
Car à la plage, pudique, on jette notre serviette
Dès qu'on arrive, sur les parties des garçons

Moi, je me jette à l'eau, et sans détours
Je vais vous raconter ce qui se passe dans l'endroit
Celui dont les poètes ne voient jamais le jour
A les lire, mais après tout, c'est leur droit

Fabulle 26/05/2013

dimanche 26 mai 2013

Les poèmes des autres

Chaque fois que je lis de la poésie
Je n'ai qu'une envie, d'écrire un poème
Pour faire mieux que ce que je lis
Même si ce sont les poètes que j'aime

Alors, je prends ma plume et je massacre
Tous mes concurrents, bon, je les respecte
Mais place aux jeunes, voilà mon sacre
Au revoir Verlaine et Baudelaire que je suspecte

De là-haut de vouloir me répondre
Car ces concurrents sont bien souvent morts
Et n'ont pas la possibilité de pondre
Quelques poèmes assassins sur mon sort

Et bien tant pis, ils avaient qu'à prévoir
Dans leurs poèmes qu'ils seront détronés
Car c'est au poète de tout anticiper, savoir
De quoi l'avenir sera fait, et qui sera né

Fabulle 25/05/2013

samedi 25 mai 2013

De nuit en nuit

Chaque soir, je descends de mon immeuble
Rejoindre mes copains pour conquérir la nuit
Arpenter les rues de Stockholm et ses huis
Qu'on visite clandestinement, empruntant des meubles

Un jour, peut-être, je les rendrai, mais je vis
Uniquement la nuit, et ces derniers soirs
Nous défendons cet homme tué sur le trottoir
Par des policiers trop zélés et trop ravis

De nous embêter, alors je suis mon groupe
Je casse, je brûle, je frappe contre tous
Car on nous laisse seul dans cette brousse
Exilés de Suède en Suède, vilaines troupes

J'arrêterai quand je pourrai travailler
J'arrêterai quand le jour sera devenu ma vie
J'arrêterai quand on prendra en compte mon avis
Et je continuerai tant qu'ils n'auront pas payé

Fabulle 24/05/2013

vendredi 17 mai 2013

Le Cap Dejnev

On est au bout de la Terre
Et ils veulent franchir la mer
Ma tribu veut aller plus loin
Conquérir le monde dans leur coin
Mais moi, Ranouk, homo erectus
Je dis non, je resterai russe
Même si la Russie n'existe pas encore
Je n'irai pas là-bas chercher de l'or
Et je me dis même demi-tour
Abandonne-les, retourne-toi et cours
Explore le monde seul et colonise
Ici, nul besoin de traverser la banquise
Alors, il regarda partir sa tribu
Et se mit à croire en un nouveau début
Il marcha donc, Sibérie, Europe
Tous les jours, il chasse, il galope
Il rencontra une belle femme
Et un jour lui déclara sa flamme
Eut un enfant, l'enfant eut un enfant
Et ainsi de suite jusqu'à cet enfant
Cet enfant du XXIème siècle, devant vous
Et en Russie, partir voir le bout
Le Cap Dejnev, où Ranouk devint
Le père de tous les Européens

Fabulle 16/03/2013

jeudi 16 mai 2013

Jackpot

J'ai besoin d'argent, je vous le dis cash
Et je lance un appel à tous les éditeurs
Producteurs et publieurs, qu'il sache
Que je suis sur le marché des bonimenteurs

Je peux et je suis prêt à faire mon journaliste
Tout en restant poétique, à faire l'édito
Tout en rime, voilà, poète éditorialiste
Embauchez-moi, et vos ventes décolleront sitôt

Et pour les plus joueurs, mon recueil est là
Des poèmes de qualité sur la vie de mes jours
Sur des thèmes tristes, drôles, me voilà

Et même, si tout ceci ne marche pas
Je veux bien présenter le loto
Car il faudra bien que je paye les repas

Fabulle 15/05/2013

Why?

On ne pourra jamais comprendre l'humain
Sur ce qui le pousse à faire l'irréparable
Ce qui se passe dans sa tête et demain
On le découvre, et c'est inénarrable

Et bien sûr, une question nous traverse
Nous transperce, car aucun mot laissé
Ne nous expliquera, je pleure des averses
Mon cœur palpite plus fort face au décès

Il y a des nouvelles qui nous bouleversent
Et on devrait se dire qu'on n'a pas le droit
De faire mal à ses proches qui restent

Why? Je n'ai pas la réponse à la question
Et le poète sait qu'il ne l'aura jamais
Et qu'il ne peut retransmettre que son émotion

Fabulle 15/05/2013

jeudi 9 mai 2013

L'ignorance des combattants

Je ne savais pas ce qu'était la guerre
Et on m'y a envoyé en ce mois d'août
J'avais la moisson à faire, c'était naguère
Maintenant dans les tranchées, je crains tout

Les rats nous mordent nos orteils, la nuit
Cinq mois que je pourris ici, à me cacher
Avec Serge, Richard et Michel, on s'ennuie
On croyait se battre, mais on ne fait que piocher

Le soir, quand les bruits des tirs s'arrêtent
Je pense à ma femme, restée à la ferme
A s'occuper seule des vaches, je revois sa tête
Son sourire si craquant, je veux y mettre un terme

A cette guerre qui n'en finit plus, je partirai
Samedi prochain, je retournerai chez moi
Par les champs s'il n'y a pas d'Allemands, je rallierai
Le Mans, en attendant, ce poème est pour toi

Fabulle 07/05/2013

Plus fort que Rimbaud

A mon âge, Rimbaud a foutu le camp
Il a tourné le dos à la poésie, s'est exilé
A continuer de vivre dans l'anonymat d'Aden
Moi, je serai connu, plus connu que Millet

Je rediffuserai la poésie dans les journaux
Verlaine l'avait fait pour Rimbaud, moi
Je me débrouillerai tout seul, les nouveaux
Sont prêts, ils arrivent, ça va faire date, croyez-moi

En fin de conte, je ferai plus fort que Rimbaud
Même si Verlaine, Rimbaud, ça reste le haut
Sans oublier les autres, capables de se vexer
Alors qu'ils sont morts, et qu'on ne cite que des extraits

De leurs poèmes ou romans, car personne n'a le temps
De lire en entier un pavé comme Jean Valjean
Ou même un poème de quatre quatrains
Voilà où nous en sommes: à la fin...

Fabulle 07/05/2013

Des trains comme les autres

Un bébé crie dans un wagon
Un enfant pleure, sa maman le prend
J'ai rêvé de ces trains, petit garçon
Et maintenant, j'en prends tout le temps

Ce sont des trains comme les autres
La magie perdue de mon enfance
Qui lisait les horaires sur les écriteaux
Quand j'allais à la gare accompagner France

Aujourd'hui, je rentre chez moi, les Alpes
Je traverse, passage à Lyon pour Paris
Métro boulot dodo, des mains, je palpe
Et part pour Lison, une demi-journée de pris

Mais je me réjouis, face aux temps anciens
Combien de temps aurais-je mis en 1600?
Un mois peut-être, le cheval ferait du sien
Mais j'aurais eu le temps de parler aux gens

Fabulle07/05/2013

dimanche 5 mai 2013

Danse!

Se lever et danser au milieu de la pièce
Sans aucune raison, s'amuser sans pourquoi
Ce soir, je suis le roi, je marie ma nièce
Et je vais sur la piste me déhancher, j'y crois

Allez, tous à la discothèque, Guetta aux manettes
Un set de ouf nous attend, lâche ton corps, baby!
Soirée blues en perspective, on sera carpette
Et possible que mes pieds fasse Jacob Rabbi

Je viens de faire une heure de Just Dance
Sur la Wii, sœurette , je suis rincé
Tiens, ça ne serait pas un charleston, je m'élance
J'ai vu Danse avec les stars, j'en sais assez

Je suis dansologue,  j'étudie la danse à travers
Les siècles, l'intérêt sociétal et comportemental
Et moi, face à la danse, j'écris des vers
Car je bouge aussi bien qu'une plaque de métal

Fabulle 05/05/2013

Être tas

Je suis un tas de choses, une toile de Monet
Captant la luminosité d'une fin de journée
Sur la plage d'Etretat, je suis un galet
Qui est tombé de la falaise, je suis affalé
Sur un luxueux canapé, qui n'est pas le mien
Car il est dans un magasin Ikéa et pas à Fabien

Bien sûr, ma vie ne se résume pas que à ça
Je suis poète, si ce mot n'est pas trop désué
S'il sonne encore à vos oreilles, je vous dois ça
Vous qui me lisez si ardemment, je suis en suées
Rien qu'à l'idée que quelqu'un récite un vers
De Baudelaire, Verlaine, Hugo ou de Prévert

Et pour paraphraser, péricliter, je suis moi
Car c'est ce que l'on cherche tous, le premier émoi
Avec soi, le premier déclic, la rencontre
Avec son corps, son discours ou sa montre
Je suis décomplexé, et j'ai hâte d'y être
D'être la tas de choses que j'ai imaginé être

Fabulle 05/05/2013

Ce soir, j'écris

Et j'écris avec un stylo vert, faute de noir
Que j'aurais pu piocher dans ma trousse
Une chance sur deux, comme un tableau de Renoir

Alors là, bien sûr, vous allez m'interpeller
Pourquoi la comparaison ci-dessus nommée
Il y a un tas d'explications, s'appeller
Renoir ou Reblanc, une chance sur... Sommez!

Je ne vais quand même pas me lancer dans ça
Dans le calcul à tout va, car j'ai dit que j'écrivais
Certes, j'écris, mais rien de profond, c'est comme ça
Après tout, tout n'est pas chef d’œuvre; je vais
Continuer plus longtemps, pour avoir un bon passage

Le mieux serait de changer de sujet
Même si je ne suis pas monarque. Oh, la blague
Bien pourrie, allez, je sors, dû au rejet
De mon humour si particulier, du vague
Qui à l'âme ne fait pas rire tout le monde
C'est ça de se laisser porter par les ondes

Fabulle 05/05/2013

jeudi 2 mai 2013

Tenir le monde dans sa main

J'ai le monde (un I-Phone) dans ma main
Barack Obama au bout du fil, je lui somme
D'arrêter les armes comme jouets pour gamins
J'ai Romulus, qui me conte son ancienne Rome

J'ai Berlin, son histoire, sa langue, sa vie
J'ai des baskets dernier cri pour 15€99
J'ai les recherches scientifiques, tous les avis
Les plus pointus sur comment faire une teuf

J'ai des amis, une famille, des collègues
Mon travail, mes loisirs, toute ma culture
Films, livres, tableaux et chanteurs bègues
J'ai ma vie, mais il me manque l'aventure

L'aventure d'aller voir le monde de ses yeux
De parler chinois avec un chinois sans Skype
De comprendre l'autre sans Wikipedia pour Dieu
L'I-Phone est un Jekyll, faîtes que je ne devienne Hyde

Fabulle 02/03/2013

Ce qu'il me reste à faire

J'ai envie, tiens! Voilà, ça commence déjà
Le JE rentre en premier, je veux l'éliminer
Faire passer le toi devant le moi, dérangera
Cet égoïsme qui vit tel un nouveau né

Un bébé qui n'a qu'une hâte, découvrir le monde
Voilà ce qu'il me reste à faire, découvrir
En fait, c'est même le but, l'éternelle ronde
De l'humanité, et il me reste à écrire

A composer tant de choses, tant de poèmes
De chefs d’œuvres, de baisers trop salés
De mots incompris, il me reste les "je t'aime"
Qu'on s'enverrait sur de beaux galets

Ce qu'il me reste à faire, c'est continuer
C'est triste à dire, mais rien n'a changé
Où tout change sans qu'on le voit, car dénué
Par notre vision, et par le temps mangé

Fabulle 02/05/2013

Faites du travail

En ce jour du muguet, j'ai une pensée
Pour tous ces gens qui doivent travailler
Ou qui battent le pavé en rangs agencés
Pour défendre leur travail à voix éraillées

J'envoie également des pensées, à défaut de muguet
A tous ces élèves de prépa, on n'oublie pas
Je vous assure, cette période de concours pas gai
Faîte d'angoisses, de jours où l'avenir se joue là

Et si je voudrais en plus m'envoyer des roses
Me faire une fleur, je penserai à moi
Obligé de travailler mathématiques, si j'ose
Car la statistique le montre, le travail se dévoit

Quand un jour est férié. Alors pour finir
Sur ce premier mai, ce temps nuageux
Sur la cuvette grenobloise, je veux à l'avenir
Vous chanter des temps moins nuageux

Fabulle, 01/05/2013