vendredi 12 décembre 2014

Ici et là

Ici, se trouvait un soldat qui partait
Disant au revoir pour la dernière fois à sa mère
Et un révolutionnaire changeant les affaires
Et une femme qui aimait un homme, oui qui aimait

Et un incendie qui a ravagé la vie de mamie
Qui a perdu les photos de son défunt mari
Et qui rêvait de voyager sans quitter Paris
Et un barman qui a bu trop de demis

Un livre qui est resté sous un plancher, caché
Trésor d'outre-temps, rescapé de l'incendie
Et où se trouvait une photo du jeune papy
Et une larme versée par mamie, arrachée

Et une fois qu'elle fut partie pour de bon
L'immense vide qui d'un silence, râla
Et tout ce temps qui finalement me répond
Et maintenant, je suis là

Fabulle 11/12/2014

Aujourd'hui

La lumière fade d'un ordi
A moitié déchargé, le monde à côté
Plein de lectures, de poèmes maudits
Et de sentiments se transformant en octets

Mes écouteurs sur la fiche USB
Montrant l'absurdité d'un monde informatisé
Et sur une batterie multi-prisée, bouche bée
Mon internet dérape dans un monde tétanisé

Ma souris sur mon lit s'ennuie
Qui d'une main frêle quitte la pluie
Mon smartphone voyage au rabais
Sans 3G pour me guider, me faire exister

Alors que me reste-t-il dans le paysage
Dans le risque de la vie déconnectée
Où l'imprévu et l'inconnu sans présage
Peut arriver sans un sens à becqueter

Fabulle 11/12/2014  

L'adaptation aux larmes

Darwin me dit que les larmes sont un avantage
Que ces gouttes salées sont une arme d'humanité
Une épée à la lame acérée, utilisable en société
De petit bébé, d'ado à adulte, au grand âge

Nos larmes sont nos armes, l'appel au secours
Quand elles surgissent, le poète intervient
Prenant en charge vos mots, vous écoutant si bien
Que déjà le chagrin repart au long cours

Le problème, c'est quand on pleure seul
Quand personne ne vous entend
Que le vent devient cinglant

Et que vivant, pleurant, vous vous sentez
Comme si rire, c'était se cacher
Ne pas savoir qui on est, ne pas exister

Fabulle 10/12/2014

samedi 6 décembre 2014

Vertissement

Qu'on le dise ou qu'on y échappe
A la fin, il nous dévie du chemin
Si indispensable pourtant, qu'enfant, il s'attrape
Pour ne plus s'en défaire, veiller au lendemain

Et pourtant, il nous façonne au gré du vent
Nous fait réfléchir à ce qu'on ne devrait pas penser
Car ce sont des choses importantes que le vieillissement
Le temps, la mort, l'amour qui s'en va sans verser

Et c'est toujours un déchirement, le silence d'après
Celui qui suit le rire argenté, si bien partagé
On se sent seul et vain, on veut fuir dans le pré
Et se rattacher au monde qu'on ne veut voir changer

Mais il tourne bien sans nous, sans une fois s'arrêter
J'aurais pourtant bien besoin de repos, me divertir
De cette vie si routinière sans plaisir, et voir un été
Rien qu'une fois s'éveiller sans avoir besoin de partir

Fabulle 06/12/2014