samedi 17 septembre 2011

Submergé

Rassurez-vous, l'implacabilité de ma vie
Ne m'a pas coulé, mais seulement submergé
De travail, de plus ou moins meurtrières envies
Dans cette chambre qui chaque nuit m'hébergeait

Dans la plus douce noirceur qu'on puisse trouver
Alors, pour me ressaisir, j'ai décidé de plonger
Dans le port de Cherbourg, en rade, je me retrouvais
J'ai pu oublier et recommencer à songer

A la vie. Au fait qu'il y avait autre chose
L'immatériel s’adressait à moi, subitement
Comme s'il avait senti le côté un peu morose
Qui m'habitait, comme s'il voulait calmer le dément

Qui existe en nous. Et je suis reparti
Dans cet internat de quatre sous, à raisonner
Mathématiquement, physiquement, à ce parti
Pris, je savais qu'il ne faudrait plus déconner

Fabulle 16//09/2011

Implacable

Je le dis au moins trente fois par jour
Mais c'est implacable, implacable logique
Démonstration implacable, implacable abat-jour
C'est implacable, c'est la raison des mathématiques

Et pendant seize heures, je me répète ce mot
Et je sais qu'implacable est cette manie
Cette absurdité, cette récurrence, ce petit o
Des maths, et implacable est aussi le déni

Du résultat implacable qui nous attend tous
Implacable cette façon de dire non
Sans solution implacable à présenter, elle tousse
S'enrhume, et implacable le chemin à Charon

Mais pour en revenir à l'implacabilité de ma vie
Actuelle, et cette impossibilité implacable
De réunir maths et poésie, à donner des avis
Implacables qui certainement m'accablent

Fabulle 16/09/2011

dimanche 11 septembre 2011

The darkest day

It's certainly the darkest day
In the world, I prefer do not think
About this day, a new taboo which I pay
A part of my debt to do not break the link

Between the different people, the civilization
I want to say, I'm sure that's not the end
But just the beginning of a new globalization
Where each man can say that hurts the land

I'm French and I lived this darkest day
I ran, I jumped, I escaped the death
In the streets of New York, today, I lay
On the floor of Ground Zero, it's a theft

Of lifes. I had to die this day
I had to stay in this tower
Today, I live but whatever I say
I know I've never more the power

Fabulle 11/09/2011

Zèle sncfien

Vous savez, depuis que ce bourg m'est cher
Je prends souvent le train pour y aller
Et c'est une chance pour toute cette jachère
Poétique, mais une malchance de simple aller

Retour car j'éprouve quelques difficultés
A être en norme pour un contrôleur assermenté
De plus, par une inversion malencontreuse
Je change de carte de réduction à heures creuses

Puis je me lance dans l'explication poétique
Qu'un aller n'est pas synonyme de retour
Que Du Bellay s'est retourné mais d'empirique
Preuve, Rimbaud n'est pas revenu, à mon tour

De savoir si on doit se rendre dans la première
Ville en partant de la deuxième avant-hier
Puis d'en revenir un certain jour, une certaine heure
Peut-être un jour, pourrai-je voyager sans heurts

Fabulle 09/09/2011

La rentrée des internés

Lundi est arrivé sans prévenir comme ces amis
Qui fulminent dans les nouveaux couloirs
Les nôtres désormais, celui des anciens ennemis
Et où se mêlent bonheur, frustration et espoir

De réussite mais aussi de nouvelles joies
Dont j'ai eu l'occasion en ce bas monde
D'éprouver en ripaillant de nos anciennes lois
De nos bêtises, de nos sciences, de cette immonde

Béarnaise. Enfin, on est là, dans cette classe
Avec des virtuoses scientifiques, on fait la grimace
Mais on sait que le soir approche, le vasistas
On ouvrira pour lancer tout ce qui nous tracasse

Et on se piquera nos affaires, des blagues
Pas drôles seront proférées, attention, risque
De sur-sustentation mathématique, élague
Pas trop tes connaissances, fiche, rage, bisque!

Fabulle 09/09/2011

L'œil acerbe

Dans un magasin où un poète dépareille
Celui-ci scrute les manies des gens
Cette façon si particulière de faire pareil
Que le caddie d'à-côté, en changeant

A la toute dernière minute un article
Qu'on ne voulait pas, à se dire qu'au fond
Tout ceci est bien inutile, c'est un cycle
Que le poète connaît bien et il se confond

En acclamations! Mais il ne doit pas oublier
D'exercer l’œil acerbe car on le surprend
Au fond d'un rayon, hésitant devant un tablier
Toutefois seyant, mais bien inutile pour son temps

En effet, il ne fait la cuisine, à part des mots
Et s'explique sur son geste peu après
Que la vie est une grande cuisine pour sots
Sans recette et où on l'exerce avec son à peu près

Fabulle 09/09/2011

L'amour platonique

Elle me lançait des regards dont elle a le secret
Auxquels je répondais par des sourires inquiets
Elle se demandait si elle allait oser créer
Une nouvelle partie de sa vie à se tuer

Pour quelqu'un d'autre, c'est sûr, elle l'aimait
Mais il ne s'est rien passé, comme si c'était
Ce qui aurait dû se passer, comme si aimer
C'était seulement se projeter un soir d'été

Bien sûr, elle s'est parfois demandé ce qui serait
Arrivé, elle imaginait la vie, peut-être rêvée
De l'amour, des disputes, des sentiments carrés
Elle l'aurait embrasser s'il ne s'était levé

Et partit à tout jamais. Elle a entendu
Après parlé de lui, Athènes ne parlait que de ça
Elle se dit, elle se reproche "j'aurais dû
Lui parler, à Platon et vivre sans ça..."

Fabulle 09/09/2011

vendredi 2 septembre 2011

The Eiffel Tower

Surplombe ta vie en grimpant l'œuvre d'une vie
En égrainant Paris en un quantité de vies
Remuants dans les mystères de la ville
Cherchant leur tour dans la ville

Et défile des touristes avides d'ascension
Pour vivre plus intensément leur chute
Peut-être même, la chute de l'ascension
De leur vie, où de vertige, on rechute

Dans les bardeaux de métal qu'est cette tour
Où de ce point, le poète peut faire le tour
De ce qu'est Paris, une lutte sans doute d'ego
Même si de ces villages, il ne peut y en avoir d'égaux

Et quand on redescend pour mieux remonter
On s'esclaffe de cette incroyable solennité
Avec laquelle, elle habite les cieux remontés
Pour l'ascension, où trône enfin la divinité

Fabulle 31/08/2011

Bah, tôt ou tard, il ferait mouche

Je suis le roi du monde quand la pluie
S'immisce sur Paris, toute une Seine
Pour moi, à délirer comme si aujourd'hui
L'eau est une route où plonge mes veines

Je suis Jésus quand sur un bateau mouche
Seul sur la balustrade du monde, je marche
Faisant coucou aux parapluies des pures-souches
Parisiens, grisonnant sur les ponts, sous les arches

Je suis l'homme-araignée quand j'essaye
D'attraper, de me coller sous le pont Neuf
A lancer des mots aux passagers qui ne s'égayent
Sous le ciel maussade, dans cet irréalisable œuf

De la France, je suis Fabulle en scène
Défiant les fiers monuments parisiens
En paradant sur ce cirque ambulant, la Seine
Est mon salut, une façon de vivre parmi les siens

Fabulle 31/08/2011

Il était coq, tôt!

Milly-la-forêt, l'aurore a peine levée
Une silhouette erre dans les jardins médiévaux
Se penche pour ramasser la fleur rêvée
Qu'il pourrait accrocher contre les maux

Il alla s'asseoir sur un banc, et pensait
A des machines infernales, à Orphée
Lui aussi est descendu dans des abîmes insensés
Lui aussi traversait des caps comme trophée

Ce coq était une belle bête, qui rentrait
Dans son manoir de méfaits d'écriture
Parodiant l'art, la poésie en des traits
Interchangeables, bouleversant l'aphone aventure

Du poète, de l'homme qui cherchait
A concilier vie et poésie, comme si
C'était le dernier qui puisse arracher
Aux mots des sens pour conter nos soucis

Fabulle 31/08/2011