jeudi 30 avril 2015

Bien entouré

Je me pose à plus de neuf heures dans la salle
Les murs rouges m'observent, une foule de personnages
Quelques visiteurs encore présents regardent, détaillent
Ça va bientôt fermer, et pour moi seul, un vernissage

Il y a Géricault qui me montre son radeau
Ces doubles triangles, l'espoir et la désespérance
Il y a Delacroix qui me montre son bateau
Juste à côté, pour copier jusqu'aux apparences

Mais c'est d'un autre tableau dont on parle beaucoup
Une liberté que Paris puisse retrouver
Et ces barricades qui auront tenu le coup
Et ces gavroches qui aux armes en sont arrivés

Puis on parle de Sardanaple, d'officiers espagnols
De Napoléon bravant le froid et les batailles
Et des passants du Louvre, se pressant, sylvicole
De voir un panneau sur bois qui sourit canaille

Fabulle 30/04/2015

Génocide

J'envie Baudelaire, Verlaine et Rimbaud
Car malgré la misère, même Hugo
N'a pas connu les génocides fratricides
Et en poète, vivre avec ça, toujours lucide

De ce que l'homme peut faire vraiment
Quand il écoute sa folie, son désespoir d'ici
Et qu'il se met à tuer, tous, lâchement
Et à effacer toutes traces des gens, et si

Je devais invoquer leur plume, en parler
Des atrocités commises, par nous et sur nous
Que diraient-ils? Seraient-ils décemment déclamer
Des vers sans sens et sans faute de goût

Alors j'envie ce possible optimiste
De ce que l'homme n'avait pas encore fait
A rêver de lendemains enchantés pacifistes
Mais si cruellement absent pour les hommes de bienfaits

Devrais-je le signer?

Le passeur de rue

Sur les escaliers, ils disent "Eh, t'es bonne, toi!"
Pardonnez-leur, on ne leur a pas appris la poésie
Et si inaccessible vous paraissez que ma foi
Ils tentent l'impossible avec un peu d'hypocrisie

A l'école, on leur apprend à se taire
A écouter un long monologue sur Molière
Avec des dates, des titres qu'on ne comprend pas
Et on bavardait en classe, on n'écoutait pas

Et sortie de là, n'ayant jamais nous demander de parler
On voit les gens, sortir avec des filles de rue
Et nous, comment en attraper une, il fallait
La question posée, on imite ce qu'on voit, bourru

Mais délaissé et plus que par une fille
On interpelle à qui veut bien entendre
Nos compliments appris sur le tas, pour une idylle
Je t'en supplie, de te pécho, je ne peux attendre

Fabulle 28/04/2015

mardi 21 avril 2015

Au service de la solitude

Il traîne le soir dans les recoins sombres
Espérant que personne ne le voit se gargariser
Il attend que quelque chose se passe, il sortirait de l'ombre
Et vivrait pour les gens, juste sans se ridiculiser

Mais rien n'arrive et il reste dans le noir
Ils voient des gens passer sans le regarder
Et il n'ose entamer la conversation, l'histoire
Qui le ranimerait dans l'étude des hominidés

Alors, quand vient à passer celle qui l'attendait
Il n'ose bouger, car qui de droit doit aborder
Une inconnue dans la rue, sentence idéale

Tandis que la nuit se lève, il retourne chez lui
Et se retrouve seul dans un univers, son huis
En se morfondant, a-t-il raté l'histoire de sa vie?

Fabulle 21/04/2015

samedi 18 avril 2015

Sire, concision!

Sire, concision est le maître mot
Pour vous faire comprendre, tel l'abrupt
Qui déferle chez les gens, faisant la queue
Pour obtenir votre parole, un bruit qui éructe
Ou bien une bénédiction, pour leurs marmots

Alors place à la fête, à la célébration
Car d'après les messes basses, elle est attendue
Comme le messie, si j'osai, mais surtout vous
Ces gens veulent voir le roi danser avec sa due
Une occasion pour le peuple de montrer sa dévotion

Alors, coupons court à toutes les rumeurs
Et montrons de quel Dieu je suis issu
Car le pouvoir vient avec les grandes peurs
Celles d'au-delà, celles qui nous enterrera ossu

Mais sire, avant de ressusciter l'ambiance
Prendriez-vous bien de ce poison nommé alcool
Avec plaisir! Le roi doit être ivre de ces sujets
Ce soir, nous allons inventer le monde, l'école
Pour que subsiste intelligemment notre descendance

Fabulle 14/04/2015

jeudi 2 avril 2015

Poètreries VI

J'ai enfin convaincu un lama
De m'accompagner dans l'Himalaya
En tant que sherpa, il tiendra la caméra
Pour filmer l'ascension du dernier maya

Car c'était moi, selon toute généalogie
Je suis remonté jusqu'à Pachacamac
Et si j'oserai, poète, une analogie
L'Everest, c'est pas une sieste dans un hamac

De plus qu'il se met à neiger
Comme dans mon pays natal, l'Antarctique
Je suis né là-bas, de deux ans âgé
Dans une civière, de mon père, à l'instant critique

Mais cette fois-ci, c'est le pingouin qui filmait
Mon père, malheureux, n'a pas pu rencontrer Sergio
Et à mon grand regret, il me manque en ce mois de mai
Ce grand poisson du monde, toujours à jour de ces agios

Fabulle 01/04/2015