dimanche 31 mars 2013

J'aime la poésie

C'est aujourd'hui devenu un mot de révolte
Devenu un tabou sans nom, mais je le dis
J'aime la poésie, et je le crie devant les colts
Le déclame dans les villas et les taudis

Ce cri du cœur, je le vis, je vais marcher
Le raconter à tout ceux que je croiserai
Je leur expliquerai ce à quoi ils étaient attachés
Ce qu'ils ont oublié, que les mots les sauveraient

Je leur chuchoterai même quelques créations
Poèmes faits à la va-vite, à l'image de ce monde
Qui n'arrête pas de tourner, sans savoir la direction
Qu'il doit prendre, c'est pour cela que ma faconde

J'irai la partager, simplement entre mes amis
Les poètes et mes ennemis, j'irai leur dire
Je vous aime comme j'aime cette si cruelle vie
Et la poésie, car elle a encore tout à dire

Fabulle 31/03/2013

Indémontrable

Comme il est prouvé qu'on ne peut démontrer
Que deux plus deux font quatre, comment
Pourrais-je croire ceux qui veulent montrer
Comment l'humanité fonctionne, oui, carrément

Il n'y a pas de vérité absolue, même en maths
Ma vie est indémontrable, même si je pense
Descartes en a fait l'expérience, il la rate
Et tout le monde le croit, quelle chance!

Non, rien est démontrable, mais c'est beau
Que l'humanité ne se construise que sur rien
Et si c'était sa seule chance de faire le bien?
De créer les bonnes lois, de faire le gros dos

Sur la méchanceté, et même si la violence
Nous caractériserait soi-disant, ma démence
Est certainement plus significative, plus exhaltante
Pour poursuivre l'aventure, qui n'est que trop tentante

Fabulle 31/03/2013

Ikea

Peut-être ne me croiriez-vous pas
Mais j'habite dans un magasin Ikea
Dans l'espace expo 35 m2, à droite
De l'espace cuisine, je vis dans une boîte

Chaque jour, à la fermeture, je me cache
Dans des couettes, et les gardiens trop lâches
De tout fouiller, me laisse vivre tranquille
Je me sers dans leurs réserves, je resquille

J'ai pour m'occuper des fausses télévisions
Un tas de livres en suédois, et la vision
De tous ces gens se pressant chez moi
A regarder ce qu'il pourrait ramener chez soi

Voilà ma façon de vivre dans cette société
Je me cache au cœur d'aujourd'hui, été
Comme hiver, je ne consomme plus rien
Mais je vous regarde acheter le bien

Fabulle 30/03/2013

vendredi 29 mars 2013

Ce n'est que de la télé

Mais il ne faut pas pourtant ne pas s'en émouvoir
Quand un animateur part d'une chaîne
Laissant sur le carreau, les gens, au revoir
Et en espérant le bientôt, qu'il enchaîne

Mais c'est parfois l'oubli qui attend au tournant
On dit que c'est la règle du milieu, mais pourquoi
L'accepter alors? J'aimerais que dorénavant
On humanise cette boîte qui à la tête, nous aboie

Elle lance des SOS, qu'un sauveur illumine
Les tubes cathodiques ou autres écrans plasmas
Que cet objet miracle, cette cruelle Agrippine
Qui remplit la solitude, et nous fait de l’eczéma

Car c'est tout le paradoxe d'un poète
Ancien, à la télé, il n'y connaît rien
Et moderne, je suis obligé d'en être
Pour vendre un bouquin et ne dire rien

Fabulle 29/03/2013

jeudi 28 mars 2013

Poème-dictée

Oserais-je, voire pourrais-je dicter ce poème
A mon amie l'orthographe, un éloge laudatif
Grégaire de Monsieur Pivot, mais qui par anathème
M'autorisera ce "je t'aime" abrasif et chétif

Car qui écrit aujourd'hui: photovoltaïque, onomatopée
Anxiogène, intrinsèque, passerait pour un génie
Alors je m'offusque du haut des forêts, de la canopée
D'un séquoia, d'un tilleul, ou de toute l'Amazonie

Et même tout du long du Mississippi, avec les Peaux-Rouges
Dont l'accueil affable restera dans ma mémoire
Surannée, où mes dernières synapses bougent
Pour divaguer ces rythmes étymologiques, d'une gloire

Recherchée pour la défense, l'électrolyse de ma langue
Oui, je l'aurai retrouvée, ma grammaire des cahiers
D'écoliers français, la populace, je l'exhorte, je l'harangue
A coups de kouign-amann et des poèmes pieds de nez

Fabulle 28/03/2013

Poète à vendre

Je suis poète et il est temps de me vendre
Et ça commence par convaincre un éditeur
Alors voilà 10 raisons pratiques de m'entendre
Sur pourquoi mon livre chez tous les distributeurs

Il vous faut un poète connu, et j'ai vérifié
Il n'y en a aucun à la lettre F, il vous faut
Un ambassadeur de la poésie, un poète à qui se fier
Il faut remettre de la poésie, et non de l'info

Dans le cœur des gens, il faut les chérir
Les rassurer, leur donner un autre point de vue
Il faut les émouvoir en les faisant réfléchir
Et je ne fléchirai dans cette mission, la revue

Touche à sa fin, mais le message est simple
Citez-moi un poète vivant que la plupart
Des gens connaîtrait, je veux pour Olympe
Ceci, que la poésie prenne un nouveau départ

Fabulle 27/03/2013

Des gens guindés

Veste et sur-gilet regardant le tribunal
C'est une des visions de cet après-midi
Où le soleil faisait une apparition, "banal?"
Me direz-vous, mais c'est la vie d'un mercredi

Et de ces gens guindés, partis se défendre
Devant le juge, les jurés, et le peuple
Ils pensent que la cravate va les vendre
Que ça leur sert de savoir ce qu'est un isotope

Et qu'un jour, ils gagneront à un jeu télé
Genre Questions pour un champion, ils pensent
Qu'ils crèveront l'écran, et que sans délai
On les reconnaîtrait dans la rue, la danse

De l'oubli continuera pourtant, la roue tourne
Comme dans ce jeu de fortune auquel il a participé
Comme à ce procès où il est jugé, où comme il tourne
Une scène de cinéma, gardant son rôle jusqu'au R.I.P.

Fabulle 27/03/2013

dimanche 24 mars 2013

A la fenêtre de l'hôpital

Je passais devant le grillage de ce centre
Ils appellent ça "centre médical", mais pourquoi
Y enfermait les gens? C'est décidé, j'y rentre
Pour retrouver celle qui m'a mise en désarroi

Car à la fenêtre de cet hôpital, me regardait
Une jeune patiente, qui tenait, négligente
Des fleurs dans la main, elle les laissa tomber
Je les ramassai, et à l'accueil, me présente

Bien sûr, j'ai le rôle parfait, les fleurs en main
Et je demande à voir celle pour qui mon coeur
J'aurai donné si cela aurait pu la soigner demain

L'hôtesse me montre sa chambre, est-ce que j'y vais?
Le destin me disait oui, mais qui suis-je pour elle?
Je fuis, lui laissant ce poème et les fleurs délavées.

Fabulle 24/03/2013

Les héroïnes des temps modernes

Il y en avait une devant moi, sous la pluie
Je marchais dans la rue, elle portait un sac
Avec du linge, elle boitait, elle s'essuie
L’œil, elle a l'air roumaine, j'ai le trac

Car je ne sais jamais comment entrer en scène
Quel texte jouer face à ce public
Je ne dirai que des banalités de mécènes
"Je ne peux parrainer toute la misère et sa clique"

Non, franchement, je m'en veux dans ces instants
Jouant bêtement l'indifférence, baissant le regard
Sur un trottoir qui ne mérite pas en ces temps
Que l'on y jette un œil pour ne pas voir les hagards

Les perdus de la société, et c'est en faisant
Mon Maupassant que je me rachète, un début
Diront certains, acte lâche au demeurant
Pour pouvoir rester de moi-même imbu

Fabulle 24/03/2013

Limassol

Mon regard se tourne forcément vers ma Chypre
Qui souffre de dettes, de choses économiques
Dont je n'y comprends pas grand chose, le cheap
Qui nous atteint tous, et Chypre, qui n'abdique

Elle se défend, comme ma Limassol
Ma porte d'entrée dans ce pays onirique
Et même si je suis resté une journée sur son sol
Je me souviens du ciel, de la terre, du magique

Alors, moi, je ne suis pas économiste, mais poète
Et je ne fais que penser aux gens, aux prières
Qu'ils font, aux attentes de ces habitants esthètes
Qui ont réussi à allier Méditerranée et mes vers

Alors, dans ce pays déjà bien divisé
Les banques ont fléchi, réunissez-vous
Mes frères, j'aurai pris pour vous l'Elysée
Si cela était possible, pour nous sortir du joug

Fabulle 22.03/2013

samedi 16 mars 2013

Giacometti

Il voulait trouver l'homme, et pour ça
Il l'a mis en cage, il l'a sculpté en grand
En petit, l'a peint en noir, et il amassa
Portraits sur portraits, têtes d'Orient

Il a voulu sculpter la tête d'un homme
Pour y mette chaque homme, vaine chose
Car ce qui fait l'homme, c'est chaque homme
L'unicité dans la multitude, une pose

Parmi tant d'autres, mais si précise
Que c'est ça qui fait un homme, par contre
Il a réussi à trouver le sens dans l'incise
Du bronze, le sens de l'homme quand il montre

A tous la bonne direction, l'homme qui marche
Cela caractérise bien l'homme, il veut progresser
Évoluer et tant pis s'il loupera une marche
Dans l'escalier de la vie et de l'humanité

Fabulle 16/03/2013

Est-ce qu'un jour?

Un jour, exposera-t-on mes poèmes comme si
Ceux-ci importaient vraiment, s'afficheront-ils
En galerie comme pour retracer la vie, les idylles
D'un poète de Normandie, d'un homme indécis

Est-ce que des experts se pencheront sur mes écrits
Pour en chercher le sens de tout ceci, moi-même
Je ne le comprends pas, c'est comme un je t'aime
Sa force ne s'exprime pas, mes poèmes, un cri?

C'est à eux de trancher, mais si un jour
Des gens iront au musée pour lire ces vers
Alors voici mon conseil, laissez-vous aller vers
Là où vous voulez aller, je ne peux, comme toujours

Refréner les envies des gens, du public
Car oui, s'il y a musée, il y aura public
Alors c'est à vous que je m'adresserai maintenant
Tant que je puis écrire sans la pression d'un marchand

Fabulle 16/03/2013

Ces gens qui fument...

A la porte de leur magasin, ils regardent
Les possibles clients tout en en grillant une
Et en face de leurs échoppes, sur l'estrade
Du concurrent, le même spectacle, de leurs hunes

Ils fument, car on ne fume plus à l'intérieur
Le gouvernement l'a interdit, et tous ces gens
Qui ne se disent mot, se retrouve à l'extérieur
Soulageant leur besoin de nicotine, l'argent

Attendra, le client attendra, je peux bien fumer
Tranquille avec tous ces gens qui m'importunent
Dans mon magasin, comme si j'étais l'armée
Et que je pouvais tout régler, leurs problèmes de tunes

De couple, de famille, et d'appareils déféctueux
Non, mais allez voir le SAV, je ne peux pas
M'occuper de toute la misère des malheureux
Moi, je dois vivre, et ramener de la viande au repas

Fabulle 16/03/2013

Walking in the wind

Je marche au vent dans les rues de la ville
Le vent semble être contre moi, je continue
Et même si ça souffle quand je me découvre pile
Je n'accuse pas ce vent, et je tombe des nues

Quand j'apprends que la météo annonçait
Un superbe temps, ce qu'ils ont d'ailleurs eu
Mais ça soufflait contre moi, le vent me menaçait
Et je ne m'en rendais pas compte dans la rue

Alors le vent ne doit pas aimer la poésie
J'ai d'ailleurs eu quelques mots à son encontre
Mais rien de méchant, mais même d'Asie
Celui-ci m'a eu en grippe, il se montre

Plus que cavalier avec moi, alors il va voir
De quoi je suis capable, la rumeur court
Plus vite que le vent, et les gens vont croire
Ce que je dis, et je prendrais le vent de court

Fabulle 16/03/2013

On ne rêve pas

Le jardin des cyprès, ma rencontre fortuite
L'amour de ma vie, celle que j'embrasse
Que je suivrais quand elle prendra la fuite
Car cela me perdra, je boirai la tasse

En me noyant dans un océan de chagrin
C'est pourquoi je n'ose penser aux lendemains
Qui sont si cruels et incertains, sans chemin
Par lequel on est sûr de passer, chaque matin

Je me pose la même question, m'aime-t-elle encore?
Tout en priant que sa réponse soit oui, je passe
Ma main dans ses cheveux, ce sont de l'or
Je ne rêve que d'elle, il faut que je l'enlace

Car la vie me tracasse, encore ai-je la chance
De voir celle pour qui mon cœur bat
Et même ci ce n'est qu'un rêve ou une transe
Cela est bien réel, ou bien peut-être pas...

Fabulle 14/03/2013

vendredi 8 mars 2013

Je suis une fille

Puisqu'il faut choisir
A mots doux, je peux le dire
Sur la tête d'une brindille
Je suis une fille

Si on me titille
Ce sera loin d'une peccadille
Avec contrefaçon
Je ne serai plus un garçon

Et puisqu'il faut le dire
Et comme je vois l'avenir
De poète, je serai poétesse
Si le choix, on me laisse

Fabulle 08/03/2013

P.S. Je crois qu'une explication s'impose
Si je fais ce poème, c'est pour le délire d'abord
Et pour que la journée de la femme devienne mienne
Car après tout, je n'ai pas envie de perdre une journée
Pour cela, vaut mieux être androgyne, féministe, mysogine
Comme ça, on fait tous les genres, et on est mal vu de tous...

Frustré

Hier, le soleil, on se dit la fin de l'hiver
Et j'ai sport, course d'orientation, je me dis
Chouette! Et on étudie des cartes, du vert
Soit clair, soit plus foncé, et l'après-midi

Passe, je rentre chez moi en survêtement
Que je n'ai pas utilisé, et frustré, je ressors
La musique dans ma tête, un assortiment
De Lana Del Rey et de jogging, je vais dehors

Oui, vous ne rêvez pas, je suis allé courir
Moi, poète, je cours, aussi éloigné que cela est
De moi, de ma personnalité, je me suis vu offrir
Le soleil, me suis vidé la tête, j'ai sué

Car même si je ne sais toujours pas pourquoi on court
J'ai peut-être un début de réponse, c'est pour vivre
Comme si courir était l'apanage de l'homme, des jours
Que l'on passe, comme si c'était mieux que lire un livre

Fabulle 08/03/2013

mercredi 6 mars 2013

Aux mots...

Mariage: les mots ont des sens précis
Mais les sens changent comme les époques
Et qui crie "C'est d'un autre âge" apprécie
Le changement, et ceux "C'est ce qui nous fait" rétorquent

Qu'on ne peut faire des mots ce qu'on veut, la poésie
Ils doivent sûrement l'apprécier, je suis là
Pour leur rappeler, car tous souffrent d'amnésie
Que ce sont les hommes qui font les mots, voilà

Alors peu importe le sens qu'on donne aux mots
Car chaque mot a un sens différent pour chacun
Chacun doit lui donner un sens, c'est son mot
Et pas le mot des autres, c'est un arlequin

Qu'un mot! Et pire, il y a la façon de le prononcer
C'est toute une nuance, tous ces trémolos
A décrypter, c'est si difficile de communiquer
C'est pour ça que je fais cet hommage aux mots!

Fabulle 06/03/2013

Zweig ou ma raison de vivre

Je dois vous avouer un truc, ça fait
Plus de 15 jours que je suis sur ce poème
La panne sèche, comme on dit, c'est un fait
La feuille reste blanche, pourtant, j'aime

Zweig, et plus particulièrement son joueur d'échec
Cette folie douce pour lutter face au nazisme
Et je ne me voyais pas de cet Autrichien ou Tchèque
Faire mieux, voire aussi bien, sans néologisme

Alors pour que tout le monde comprenne ce poème
Et la galère dans laquelle je me suis mis
En titrant le poème sus-dit, ces problèmes
Sont ce pourquoi je vis, et que j'ai pour ami

Ces grands de la poésie, du roman, de l'écriture
Et voilà comment un poète se rattrape d'un pas
Qu'il s'oblige à faire, de cette aventure
Pas obligée, mais tellement nécessaire au mea culpa

Fabulle 06