jeudi 30 juin 2011

Un jardinier bien aimant

L'époux, l'amant, l'anglais, l'italien, le jardinier
Le Bijoutier, cette affaire n'est pas commune
L'emprunte de l'être aimé, rue du Marinier
Les dettes de l'époux, ruiné, affiché à la une

Cette affaire devient médiatique, et voilà
Que j'arrête l'anglais, je le cuisine un peu
James, tout ce que je veux, pourquoi elle est là
Votre emprunte? Vous avez touché ces cheveux

De la terre du jardin a été retrouvée
Dans ceux-ci! Avouez la vérité, justice
Sera faîte! M. l'inspecteur, je ne pouvais
Pas me rendre car je ne suis qu'un témoin, tisse

Ma toile d'araignée, mais cette silhouette
Que j'ai vu assassiner Maria ne se prête
A aucun de mes sens, elle est tombée, fluette
Un dernier baiser, la mort s'enfuit, avec les êtres

Fabulle 27/06/2011

Pochette surprise

Je suis né en Occident, eu une vie d'enfant
Ai compris la physique, prix Nobel 1990
Moi, dans ma pochette, c'était le grand blanc
Des Inuits pour parents, je pêche car j'existe

Je suis un Chinois, comme la plupart des humains
En bidonville, je grandis, à la campagne, reconverti
J'ai vécu au Paradis, en Polynésie, les lendemains
On n'y pensait pas, mais un jour, je suis parti

C'est aux States que j'ai émigré, les ghettos
Je gouvernais, Al Capone pouvait aller se rhabiller
J’œuvrais pour la paix au Soudan, mais trop tôt
Je me suis éteint pour une histoire de billets

C'est au Pérou que ma pochette m'emmena
Guide touristique des incas, je visitais l'histoire
Et moi poète de ma Normandie, elle me donna
Une vie scientifique, onirique, pleine d'histoires

Fabulle 25/06/2011

Les parents italiens

M. Di Angelo, je suis l'inspecteur Paul Sernien
Je suis navré, votre fille a été assassinée
Je sais qu'il est dur de perdre l'un des siens
Ça m'est arrivé, et le mal est toujours enraciné

Dans mon coeur, mais j'ai des questions à poser
J'ai vu Fredo Fortis, son mari, il est affligé
Mais comme il s'est évanoui, lui causer
Fut impossible, j'ai besoin de rédiger

Un premier rapport! Connaissez vous le jardinier
Anglais de Madame? C'était son amant
Le soupçonniez-vous? What? Non, il sied
Aussi à ma femme, on l'a engagé il y a un an

Sachez que je suis très triste mais son époux
Doit jouer la comédie, c'est un coureur de jupons
Il s'endette, s'attire la sympathie de ripoux
Il cherche sa fortune, il l'aurait jeté d'un pont

Fabulle 25/06/2011

Mais Pourquoi Suis-je Ici?

Comment résumer une année de MPSI?
Un brin de Cauchy, une pincée de Bolzano
Et tous ces physiciens, que font-ils ici,
Dans mon esprit? Allez va-t-en Carnot!

Mais de théorèmes, ce que l'élève retient
Ce sont des délires exponentiels d'internés
Ces petites phrases qui n'ont l'air de rien
Tel cet électron célibataire qui est borné

Et qui se scratche sur le noyau! Epic Fail
Je n'ai jamais voulu montrer que cette théorie
Serait fausse dans un autre contexte, Sail!
L'insulte ultime des taupins, notre allégorie

De l'anglais sur le front, guide notre peuple
A l'illumination scientifique, révélation
Que l'homme sublime et repeuple
Les forêts de la connaissance, de l'évolution

Fabulle 22/06/2011

La Croix sous l'Ange

Cette femme, c'était ma première enquête
Je venais de rentrer à la Brigade du crime
A Paris, en haut lieu, ils ont accepté ma requête
De m'installer dans la mansarde, dans les cimes

Du commissariat! Un meurtre peu banal, en fait
On a retrouvé Maria Di Angelo en tenue de scène
Elle était danseuse au Cheval Fou, et la fête
A apparemment mal tourné, à deux pas de la Seine

Dans une cour désaffecté, une croix latine sous le corps
De la pauvre infortuné qui ne l'était pas tant que ça
Originaire d'une riche famille italienne, l'or
Ne lui manquait pas, cette affaire commença

A me plaire, elle avait un amant jardinier
Chaussant du 43, la taille de l'emprunte profonde
Laissée sur la chaussée, à la rue du Marinier
Maria, ne quitte pas avec ton secret notre monde

Fabulle 19/06/2011

lundi 13 juin 2011

As cool as a cucumber

Sur les marchés, les gens reculent
Lorsqu'ils voient quelques légumes suspects
Ils n'ont pas oublié les grippes, tubercules
Ou volailles folles auxquels ils manquent de respect

Moi, flegmatique, poète, je n'hésite
Pas à déroger à la règle du concombre!
J'en achète volontiers pour que l'élite
De mes poissons puissent sans encombre

Se nourrir. J'ai testé du bout des dents
Ensuite pour exacerber le goût du risque
Une menace en remplace une autre, c'est sans
Nourriture bientôt qu'il faudra vivre, le disque

On nous le repasse sans cesse, alors évoluons
On s’emprisonne dans des schémas fermés
Ne plus rien faire, une solution? Non,
Arrêtons juste de manger des graines germées!

Fabulle 12/06/2011

vendredi 10 juin 2011

N'as rien à craindre

Quand l'homme de l'ombre sort de la tombe
Qui lui sert de bureau, Narien rend visite
Aux autres bureaux d'auteurs de catacombes
Chronique, malheur, à toute cette élite

Qui ont si bien compris le mal qui l'emparait
Il alla voir ce jour-ci, Giono, l'écrivain
Du mal particulier qui l'habitait, pour réparer
Une injustice commise un jour à ce devin

Narien passe le portail du cimetière de Manosque
Un bouquet fané à la main, et commence
A cheminer entre les stèles, les tombeaux lorsque
Le fantôme de Giono lui apparaît, la Provence

Est décidément pleine de surprises car le mal
Venu rencontrer son auteur, est presque revenu
Comme un homme de bien, Giono mit à mal
Une vie de domination mondiale, qui l'aurait cru?

Fabulle 10/06/2011

Le joueur d'échecs

Je parie que tu vas perdre et je gagnerai
Car je suis un joueur d'échecs, un vrai
Qui ramasse le pactole à la fin, je monnayerai
Ta défaite au roi du marché noir, je crée

Des combines des plus en plus astucieuses
Les hommes sont des pions que j'avance
Qui se fracasse comme les mouettes rieuses
Sur les rochers amers fières de leur démence

Fort de ses succès, et depuis mon enfance
Je fais danser les reines en mal d'amour
Quand cavaliers et maris quittent la France
Pour la guerre, c'est vers moi qu'elles accourent

Et de cette cour, je parie sur lesquelles tomberont
En premier, cette dame d'une blancheur éclatante
Ou celle au teint mat, leurs tours arriveront
En tout cas, je parie sur l'échec de la mat mourante

Fabulle 10/06/2011

Les prunelles des hommes

On m'avait pas dit que la fête de la musique
Était avancé à cette soirée, c'est l'effervescence
Qui mène tous les poètes à la démence
Quand ce ne sont pas ces poèmes oniriques

Qui le laisse rêveur, il tue le froid par les mots
Range ses états d'âmes pour un petit morceau
Fait na na na, peut-être même pas comme il faut
Mais c'est bien sûr une façon de guérir les maux

Qui le hantent. Pourquoi le monde ne tourne
T-il pas rond? Pourquoi j'entre dans un bar
Commande un verre d'eau? Il se fait tard
L'ivresse poétique est celle qui contourne

Mes envies de ne pas désespérer de la Terre
Il y a des choses magnifiques, ça me rappelle
Ces longues soirées à explorer les prunelles
Des hommes, ce qui me fait prendre l'air

Fabulle 04/06/2011

Gipsy Burek Orkestar

Cette balade qui me rappelle un air du pays
Du temps où j'étais en Roumanie dans un bourg
Où le temps n'était qu'à l'ordre du jour
Et où le jour prenait le temps de se lever, ébahis

On chantait alors dans l'insouciance du passé
On virevoltait dans les effluves du vent
On se sentait seul, c'était le bon temps
Où l'on ne cherchait rien pour amasser

Tout l'argent que le pays nous a demandé
Étranger sur son propre chez soi, essayant
D'oublier en chantant, et d'un coup balayé
Nos dettes, notre porte-monnaie, on marchandait

Notre musique aux occidentaux venus nombreux
Ils écoutaient, essayer de comprendre la quiétude
Qui nous réunissait, et c'est par habitude
Qu'on oubliait, toujours, pour rester heureux

Fabulle 04/06/2011

Je prends en note votre remarque

Écoute Hans, on ne pourra jamais prendre
Cette citadelle, la cathédrale nous nargue
C'est mauvais signe, notre armée en cendres
Sera, tombée honteusement, il me tarde

De partir conquérir ailleurs, Agon-Coutainville?
Soldat Veierkauf, je ne céderai pas à vos caprices
La cathédrale sera à notre main, et la ville
Également, faîtes attention, c'est une traîtrise

Que vous couvez! Non, loin de moi cette idée
Le moral des troupes est mon seul souci
Ainsi que l'intérêt de l'empire, demandez
A ma femme si je voudrais ne pas être ici

A vos côtés! Mais les Américains ont l'emprise
Des notes de jazz, n'entendez-vous pas?
Dites tout de suite que les Allemands sont en crise
Moi, je n'entends que la musique qui marche au pas

Fabulle 04/06/2011

samedi 4 juin 2011

Mille et un poèmes

Chaque nuit, pour satisfaire mon roi
Je devais lui conter amours et émois
Les poèmes de Shéhérazade, l'ode des amants
Tragédies d'Eschyle, nouvelles comiques d'Oman

Une nuit, il voulut un poème que je lui refusa
Il se mit hors de lui, cria et me menaça
Et me supplia de bien vouloir composer un sonnet
Sur autre chose que l'amour, sur une grue, un poney

Une absurdité, Icare, un bus, une envolée lyrique
Un porte manteau, la pluie, des gestes empiriques
Et c'est ainsi que commença ces mille poèmes
Et que débuta cette énième mélopée dont les thèmes

Seront toujours aussi contrastés, inutiles et variés
Qu'amour, je découvrirai, s'il est possible de crier
Au monde entier que je suis libre d'évoquer
Ce qu'un roi voulut entendre pour s'éduquer

Fabulle 03/06/2011

Le Cap de la Hague

Voilà, c'est l'heure de partir
Monsieur Hugo! Oui, j'admire
Je contemple pour la dernière fois
La Manche pour naviguer hors la loi
Un exil forcé, un affront à Napoléon
Bafouant la République, la raison!
Gilliat, descends dans ton bateau
Je reste encore une minute en haut
De la falaise, la Hague m'interpelle
Essaye de me retenir, elle hèle
Les cieux de venir à son aide.
Il faut lui dire qu'on ne plaide
Pas de cette manière, la tempête
Fait rage en France, je m'apprête
A quitter le navire, calmons-la!
Le poète ne mourra pas comme ça
Il reste tant de choses à faire
Tant de mots pour croiser le fer
Baudelaire, encore m'envoya ce pied de nez
Mais le temps est venu de m'amener
A Guernesey, un jour, j'essaierai
De revenir et je malmènerai
Le pouvoir en place, les génies littéraires
Quittons la terre, envolons nous en mer

Fabulle 03/06/2011