samedi 28 février 2015

Libre?

Il y a bien une poésie que je n'ai jamais su faire
Quand j'étudiais à Grenoble, cette cité de tramway
C'est sur un tag qui m'a interpelé, la belle affaire!
Mais qui philosophait et partout sur les murs se retrouvait

Libre? C'était ça l'éternelle question
J'ai voulu un jour, tous les recensés
Pourquoi pas son auteur retrouver en action
Enquêter, m'interroger sur ce tag incensé

Pourquoi ce tag, encore un coup de ces tramways
Bref, je n'ai pas résolu le problème, son auteur
Aussi bien que la question, insoluble dévoué
A la philosophie de quartier, des menteurs

Il y en a au moins un que je comprenais
Aussi génial que le premier "Vive la joie!"
Sur un mur vierge, et depuis, jamais effacé
Car si vite compris par tous, à la fois

Fabulle 16/02/2015

Selfie

A-t-on vraiment besoin de selfie?
Aujourd'hui, j'ai vu une foule, une âme
Et ça m'a suffit de mes velléités de défi
De narcissisme ambiant, qui lentement se drame

J'ai vu une immense marche de crayons
D'introspections inattendues, de questions bienvenues
Et de poésie, je n'ai pas peur de le dire, osons
On se le dira plus tard dans les déconvenues

Car la suite nous fait peur, au fond de nous
On le sait qu'on est insouciant de ne se soucier
Mais que c'est la seule bonne réponse au tout
Et aux choses qui se trament dans les délaissées cités

Alors on change imperceptiblement, sans qu'on le veuille vraiment
On regarde plus méfiant, au détour d'une rue
Car qu'est-ce qui nous attend sans notre égo dément
De drôles de choses, mouvantes et si crues

Fabulle 16/02/2015

Quittons Grenoble

Et en coup de vent, je suis parti
Comme imprévu, je quitte Grenoble
Sans dernière visite, même pas à Darty
Un dernier regard, au revoir ville des ogres nobles

On se quitte sur un mauvais jeu de mots
Comme en Quarante, où le lion surveillait
Encore comme neuf, mon appart des mots
Deuxième et premier degré inclus, j'y veillais

Et à la gare, je quitte cette misère
Que l'Isère traînait en vrac, confluent
Et qui aiguisait mon appétit de forestière
Raclette et autre tartiflette des grands

Alors Bye Bye Stendhal, je ne prendrais que le noir
Le rouge ne me va pas, mais la Chartreuse pourquoi pas?
Je me revêt de mon ultime soir
C'est de ma Grenoble époque, le trépas

Fabulle 16/02/2015

Le self des solitudes

On vient là à midi quand on n'a personne
On déjeune face à une chaise vide, son plateau
Et on regarde méfiant, hagard les voisins qui détonnent
Et on se change les idées avec un verre d'eau

On ne se parle pas entre nous, jamais
Il ne faudrait tout de même pas sympathiser
D'autres vont aller retravailler, d'autres trouver
Quelques plans pour de nouveau dans la société s'insérer

Il y a aussi les plus âgés, ceux qu'on dit cramés
Qui n'ont plus le droit de parler, de participer
On s'était donné rendez-vous ici avec Mémé
Et on évoque nostalgique les souvenirs de Pépé

Et puis quand vient l'heure de partir
Notre cœur s'étire, rejoindre cette maison vide
Si grande depuis que d'amour, tu m'as fait mentir
Oui, car l'amour ne vainc pas la mort livide

Fabulle 16/02/2015

Ce que je t'aurais dit

Ne t'en vas pas, je sais, tu ne me connais pas
Mais il n'appartient qu'à toi que je t'appartienne
Enfuyons-nous par le bas de la table, après le repas
Et cette prairie que tu vois, elle est notre et tienne

Regarde les étoiles, imagine que je t'aurais perdu
Je me serais plongé dans la nuit, dans la clarté
Et je t'aurais aimé à travers Orion, bien entendu
Et j'aurais sombré de larmes, bloqué devant un sachet de thé

Alors tu vois ce à quoi tu as échappé, de mièvreries
Et de poèmes bâclés à l'eau de rose, sans superpose
Et sans repos, d'amour à six heures huit, de pierreries
Pour me rattraper de ma lâcheté, si jamais je n'ose

Heureusement tu es là, on a évité la cata
Imagine qu'on ne se serait jamais revu
Je me serais enfermé dans une vie et il rata
Tout ce en quoi il existait, en poète prévenu

Fabulle 13/02/2015