mercredi 28 août 2013

Sergent Davis Louis

Un homme est tombé ici, sous le feu ennemi
Aujourd'hui, seule sa chaussure reste enfouie
Seul souvenir d'un homme venu libérer des amis
Seule trace d'un homme s'appelant Davis Louis

Je vomissais dans le bateau pour Utah
Plus par peur de l'avenir que pas mal de mer
La pluie me glaçait le visage, tout s'arrêta
Quand le bateau et les hommes touchèrent terre

Les balles siffleraient de partout, j'avançais
Car un camarade me tapa l'épaule, je courais
Sans savoir où aller, me cacher, tirer, percer
Une brèche avec quelques-uns, je n'étais pas prêt

Mais une balle transperça ma tête, je pensais
Alors ma femme Jeanne, et ma fille Eloïse
Resté en Ohio, loin de la guerre, je m'élançais
Pour un dernier assaut jusqu'à que la vie me fut prise

Fabulle 08/08/2013

La mer du roi

Voilà, mon roi, c'est ce qu'on appelle la mer
Et selon une sorcière, c'est ce que vous perdra
Ah bon? Je ne suis pas prêt de quitter terre
Mais que font ce sujet-là, tu me le diras?

Certainement, mon roi, je crois qu'il se baigne
Quoi, comme moi dans mon bain? Tout à fait
Le mer, c'est une grosse baignoire avec des seignes
Des poissons, d'autres choses qui nagent! Et des fées?

Oui, dans le lot, il doit y avoir bien quelques fées
 Alors, c'est pour l'amour d'une que je me noierai
Vous le croyez? Ce serait donc l'objet d'un méfait
Et moi qui vous y emmener tout exprès

Tout exprès pour quoi, valet? Euh, pour rien
Je n'avais aucune intention de vous tuer
Euh, je veux dire, je ne suis pas un vaurien
Oui, bien sûr, viens ce sujet baigneur saluer

Fabulle 08/08/2013 

Sur le billard

Je vais vous raconter ma plus grande blessure
Non, pas sentimentale, pour un poète, ce serait banal
Mais bien physique, une bien belle déchirure
A ma jambe droite, là où il n'y a pas de poil

C'était à Noirmoutier en été (pour vous situer)
Je n'écrivais pas encore de poème (j'étais jeune)
Et sur un pont, sur un digue à rocher, je me ruais
Et tomber sur le tranchant d'une roche, ce ne

Fus pas qu'un peu douloureux, je saignais
Comme jamais, on m’emmena à la pharmacie
Et me distilla quelques bandelettes pour gagner
Du temps, s'épargner l’hôpital et compagnie

C'est ainsi que je fus blessé, vous voyez
De ce côté là, j'ai eu une vie calme
Ça, vous savez très bien que guerroyer
Ce n'est pas moi, moi, je n'ai pas mal qu'à l'âme

Fabulle 08/08/2013

Un Grandcamp et c'est reparti

Il a fallu que je m'éloigne pour écrire
Et comprendre ce qui a tué la poésie
La poésie a été tué par notre confort de vie
Plus aucun risque, pas une seule petite hérésie

En vacances, je me suis enfermé dans le quotidien
Je croyais pouvoir résister mais j'ai failli
Et j'ai saisi une porte de sortie par le lointain
Pour que je puisse faire une nouvelle saillie

Et me voilà à Grandcamp, comme il y a longtemps
A refaire une balade poétique sur les traces
De ma propre inspiration, le vent affolant
Les mouettes qui piaffent, le soleil qui harasse

Et je me mets à parcourir tous mes poèmes
J'en revois de magnifiques sur ce galet gris
Et là, cette algue qui m'alpague, ah, j'aime
Je respire, promis, fini, je ne serai plus aigri

Fabulle 08/08/2013