mercredi 20 février 2013

Otages

On me retient et je ne sais pourquoi
Je suis l'ennemi car j'appartiens à un pays
Je suis otage sans savoir de quoi
Il m'en retourne, je suis meurtri, ébahi

Devant cette violence, cette injustice
Et mon destin soumis à des mains
Que je vois seulement à travers l'interstice
Du bandeau sur mes yeux, mes lendemains?

Ils sont incertains, je pense tout le jour
A ceux restés chez eux, aux miens inquiets
Pour moi qui n'ait rien fait, chaque jour
Ces pensées se bousculent sur de petits papiers

Va-t-on me libérer? Pourrai-je revoir
Ma plaine, même si celle-ci est morne
C'est la mienne, et ses yeux, vais-je revoir?
Je ne vis que pour ça, réembrasser ma licorne

Fabulle 20/02/2013

Aurigny

Si de Granville, j'aurais pu tout recommencer à Jersey
De Cherbourg, j'irai tout recommencer à Aurigny
Car c'est de cette grande ville que je m'exerçais
A être le meilleur, et c'est d'ici que tout mon déni

Ma bonté se montrait, je piquerai un bateau
Et ferait cap vers l'Angleterre la plus proche
J'installerai ma serviette sur la plage, mon château
Sera là, et se détruira à la prochaine vague qui approche

Et qui emmènera de concert tout un tas d'éxilés
D'éxilés de la vie, du travail et du bonheur
Ils voudront revivre, et je leur chanterai affalé
Sur les rochers, sous la pluie, on n'aura plus d'heure

On mangera quand on on voudra des bigourneaux
Ou des tourteaux qu'on trouvera, je composerai
Au vent et à la reine mer, les étourneaux
Seront nos facteurs, et c'est d'ici que je capitulerai

Fabulle 20/02/2013

samedi 16 février 2013

H.L.M.

Le ciel est bleu au dessus de ma cité H.L.M.
Je descends les escaliers miteux pour voir le soleil
Sentir ses rayons sur mon visage, voir si j'aime
Encore les choses simples dans ce trop plein de pareil

En bas, je rencontre Amed, Kevin et Lee
Ils discutent de tout et de rien, de leur jeunesse
Peut-être désavouée dans ces tours de délits
D'aventures et d'obscurité, de froid qui agresse

Je vais dans le parc à la recherche d'illumination
Une petite butte sur laquelle je grimpe, un nuage
Qui traverse mon ciel, un fleuron de l'aviation
Qui me fait partir pour une autre destination, un voyage

Que je m'offre, à défaut de le vivre, rester
Ici, toute la journée, voici mon quotidien
Auquel je voudrais échapper, ou sinon monter
En haut de la tour, je devrais, rien ne me retient

Fabulle 16/02/2013

Trop

Ce qui me rend fou, c'est que je sais
Qu'il y a trop d'informations pour les connaître
Toutes, trop de livres à lire, trop à penser
Et trop peu de temps pour un jour voir naître

Pour un jour, écrire le poème parfait
Le poème que Verlaine, Hugo, Baudelaire
Ont rêvé d'écrire, celui que Rimbaud a vite fait
D'abandonner, celui qui fera vibrer la Terre

On le sait tous, ce poème est utopique
Le mien, les autres, on devrait au lieu
De composer, aller bronzer aux tropiques

Mais on sait bien qu'au fond de nous
Rien n'arrêtera cette recherche, ce poème
Et qu'on continuera à observer le fond de nous

Fabulle 16/02/2013

Bonjour

Je t'aime, mais je ne sais comment le montrer
Aux quatre vents, j'ai ouvert mon coeur
A la poésie, je me suis sacrifié, j'ai rencontré
Des spécialistes, Cupidon, Ovide, les Pleurs

Et j'ai trouvé, oui, j'ai trouvé ce à quoi
L'amour tenait, c'est simple comme bonjour
Et c'est là toute la clé du succès, la loi
Du perpétuel contre celle de chaque jour

Je me réveille dans notre lit, un rayon
Te caressant la joue, cette vision divine
A laquelle je fais face, l'amour qu'un crayon
Ne pourra jamais décrire, tout s'illumine

Et je me penche vers toi pour te glisser à l'oreille
Un bonjour, oui, un bonjour car rien ne remplacera
Un bonjour, même pas un je t'aime au réveil
Non, un bonjour et mon amour, tu sauras

Fabulle 14/02/2013

Théorie du complot

Si vous venez de lire mon dernier poème
Vous pourriez croire qu'en effet, quelqu'un
Est derrière tout ça, derrière ce que j'aime
Qu'il contrôle la vie, l'histoire, et le pain

Et là, j'entends déjà les théoriciens
Du complot, maladie moderne envers le système
Ou bien fulgurance incomprise? Moi, rien
Ne m'y fait penser, je ne rédige que des poèmes

Et non une vérité, même si cela est tentant
De croire qu'on la tient vraiment, le flou
Artistique que la vie entretient, s'étend
On n'y comprend plus rien, et pour ne devenir fou

On échafaude des théories de compréhension
Et le complot qui nous tend les bras s'évertue
A nous faire perdre la tête, comme si la décision
D'un mec derrière ses ordis ferait que je me tue

Fabulle 14/02/2013

Le groupe Kronos

Le temps vient de réveler son plus grand secret
Il est car nous sommes, si le groupe Kronos
Ne changeait pas l'histoire, s'il ne crée
Les changements nécessaires, si du Laos

Nous n'avons pas fait éclore les Khmers
Si de l'Egypte, nous n'avons pas les pyramides
Construites, si de Néron, je n'ai pas tué la mère
Si de Corneille, je n'ai pas écrit Le Cid

Si de ma vie, je n'aurais pas tenu la tête
De Louis XVI à Paris, si je n'ai pas marché
Avec Gandhi pour du sel, je ne serai peut-être
Même sûrement pas là. Le groupe doit chercher

Les incohérences de l'histoire, nos indices
Que nous nous laissons pour modifier ce qui
A déjà été modifié, nous sommes les destinicides
Pour que de nos vies, l'on préserve tout ce qui
                             Est.

Fabulle 14/02/2013

mercredi 13 février 2013

Néron

L'histoire a fait trop vite le procés de Néron
Celui qui ne voulait pas devenir empereur
Se souvenant de Platon, ayant peur de Charon
Et de sa barque, qu'Agrippine menait. La rumeur

Que Caligula avait été tué courait, et Claude
Caché derrière un rideau aura été couronné
Messaline l'épousera, Agrippine la fera assassinée
Et mit en place de l'histoire, la plus grande fraude

Néron, dix-sept ans, sera l'empereur
Son pire cauchemar, certainement, avec sa mère
Alors, il essaiera d'être moderne, ouvreur
Des esprits, un homme de mon temps, mais le fer

Est manié par les sénateurs, alors exit
Les impôts diminués au peuple, l'interdiction
Des spectacles sanglants, et les discours dixit
De Néron qui ne seront écoutés, l'ambition

D'une mère aura rendu Néron fou, il aurait pu
Etre comme moi, un poète, peut-être mauvais
Mais la poésie l'aurait sauvé, main non, repu
Par le devoir, il assassinera sa mère dépravée

Epousera Poppée, sera accusé d'avoir mis
Le feu à sa ville, Rome, tout en ayant déclamé
Quelques vers devant la ville enflammée, des amis
Mal attentionnés l'auraient mis pour lui, accaparés

Du pouvoir de l'empereur. Tous l'abandonneront
Même Sénèque, à part Acté, il était lucide
Il savait que l'histoire ferait de lui un fanfaron
Un fou, un criminel, on retiendrait le matricide

Et que la vérité sera remplacée par des mensonges
Que l'on croient encore aujourd'hui, dans un songe
Il s'enfermera, aurait voulu un mariage pour tous
Aurait-il vécu ici? Néron, je serai à ta rescousse

Fabulle 13/02/2013

P.S.: Néron n'a pas voulu être empereur, les détails
croustillants dans Maman, je veux pas être empereur
de Françoise Xenakis. Mais bien sûr, Néron est devenu
fou, est tombé dans le tourbillon de l'alcool, je ne le défends
pas pour ça, mais le tableau sur Néron m'avait été trop noirci...

Comme on croise les gens

Des nuées de passants passent à côté
De moi quand je marche dans les rues
Et dans chaque regard que l'on peut me doter
Je vois une histoire dans ces regards de morue

De loup, ou de bisounours, que chaque destin
S'entrecroise dans le regard me fascine
Et façonne l'humanité, que chaque matin
Se fasse dans les yeux des gens, j'hallucine

La vie est comme on croise les gens
Furtive, elle est une bravade qu'on ose faire
Car on ne connaît pas l'autre camp
Comme la vie qui est ces rues où l'on erre

Si je pouvais, je passerai mon temps à marcher
A rencontrer cet autre qui me fait face
Si je pouvais, j'écrirai toujours sur le marché
Entre les vies des gens, qui se font et se cassent

Fabulle 06/02/2013

mercredi 6 février 2013

Fabulle versus Fabien

Mince dans le reflet de la fenêtre
Je me prête à dire que je suis beau
Gros sur le dos d'une cuillère, l'être
S'entête à maigrir, un coup de rabot

Voilà tel que je suis, je me présente
A vous, à moi, de vous, de moi à moi
Avec mes mots, les choses qui me hantent
Et la nostalgie d'une poésie d'émoi

Je me soucie de ces apparences de porte
Fenêtre ou porte-fenêtre, car c'est tel
Que je me vois ou peux me voir, c'est l'escorte
Qui me suis, mon ombre, mon reflet, l'éternel

Et se voir dans ce miroir improvisé
M'en fait dire plus que ce que je voudrais
Comme une paranthèse lors d'un débat télévisé
Fabulle versus Fabien, pour le résultat, vous attendrez...

Fabulle (ou Fabien?) 01/02/2013