samedi 28 avril 2012

Fiat lux

La lumière d'une allée, une allée de science
Une lune de circonstance, reflet de vitre
Le scientifique s'avance dans la mouvance
Il inspire, revêt son costume de pitre

Aujourd'hui, il fait cours, il enseigne
Dans une classe dix fois trop grande pour lui
A des élèves qui n'attendent qu'une chose, que vienne
La sonnerie, il parle, le son revient à lui

Son écho ne trouve pas preneur, une idée
Il lui en fallait une, captiver, dérider
Une salle qui en avait bien besoin
"Damnation et entité" crie-t-il, au loin

Dans les brumes de la classe, on y questionne
Et d'une question, il allait hériter, les lionnes
Pourquoi règnent-elles, l'homme, qui est-il?
Et Dieu dans tout ça, et la phénolphtaléine?

Pourquoi? Une ambulance, effet Doppler
Le son était enfin entré, le professeur
Fier de sa curiosité ne vit pas l'heure
Quarante ans à enseigner à des travailleurs

Fabulle 26/04/2012

La gifle

Elle me gifla, dans une allée peut-être
Je tombai, elle me gifla, un après-midi
D'été, comme ça, sans que je puisse paraître
Furieux, surpris, frustré, et elle me redit

Mes quatre vérités, de nouveau, me gifla
Un passant passait, le temps s'arrêtait
Peut-être je le méritais, elle m'éraffla
Ma joue pourtant avec tant d'habilité

Que je ne vis pas le troisième coup partir
J'ai pu réfléchir depuis, et conclure
Qu'il le fallait peut-être, repartir
De l'avant, finir avec le passé, fermeture

Définitive, cela devait arriver, fatalement
Comme d'autres s'en sont prises, moi aussi
Je n'échappai pas à la sanction, et salement
Amoché, je m'en allai, fier comme un messie

Fabulle 26/04/2012

Vois-tu ce...?

Je passai dans la foule et on me regarda
Et ce regard me changea, je me retournai
Regardai mais ne vit rien, Dieu me garda
De le retrouver, ce regard détourné

On me regarda comme jamais et je me mis
A voir, à observer, triturer, je voyais
Des gens paradant, de grands amis
Des hommes sans vergogne, je me croyais

Au dessus du lot à voir ces personnes
Qui elles ne voient pas qu'on les regarde
Depuis, je cherche le regard qui résonne
Dans les couloirs, chaque jour, il me tarde

De voir, et chaque jour, rentre déçu
Cruel paradoxe, que ceux qui voudraient
Être vus ne voient pas, et que vus
Ceux qui voient ne le sont pas, j'aurais

Dû voir plus attentivement, briser l'amour
De mes yeux, j'aurais pu triompher
Si mon œil ne me trompait, et toujours
Je cherche dans les yeux cet unique effet

Fabulle 26/04/2012

dimanche 22 avril 2012

L'heure du choix

Plus que deux minutes avant dimanche
Mon premier grand choix, je vote
Mais choix logique, unique, je me penche
Sur les papiers des candidats, et saute

Le pas de l'isoloir, mais pour qui
Pourrai-je bien voter, et si jamais
Tout pouvait changer par mon seul tri
Et si jamais j'élisais le président le 6 mai

Si à moi seul revenait ce prestige
Qui mettrais-je dans l'urne, la nuit
Tourne au casse-tête, entre litiges
De dernières minutes, tout ça m'ennuie

Si seulement le peuple s'était présenté
Ou l'intelligence, la prestance, l'élégance
Politique, tous ces noms qui me hantent
Je dois en choisir un pour la présidence

Fabulle 21/04/2012

A la rue

Quand les écrits se font rares, le féru
De mathématiques s'évade, il court les rues
A la recherche de l'insolite, du détail
Inédit, de ces passants allant au sérail

Tiens, celui-là, attendant devant la boutique
Le turf dans la poche, drôle de mimique
Inquiet pour sa carte, et cet homme
Au café, regardant les gens, les hommes

Ce SDF malin, guettant le guichet de la banque
Son coup férit, bien sûr, il ne le manque
Mais l'heure de reprendre le tram
Sonne, l'occasion de voir d'autres âmes

Cette conversation téléphonique en dit long
Mais mon billet, oublier de mettre le poinçon
Je sors, un vieux chinois aussi, frondeur
Il court, moi aussi, il criait: "Au wrodeur!"

Fabulle 19/04:2012

Une institution

J'affronte aujourd'hui une institution, un mythe
Un Everest de la connaissance, un concours
Une seule lettre, ou trois si l'on invite
Au mystère, à la science, au grand jour

On est illuminé, c'est vrai par des matrices
Des algèbres, un peu d'espace géométrique
Je rêve, j'écris, interdit aux traductrices

Quoi, interdit, mais où est la justice
Dans tout ça? Son sens a bien disparu
A l'un justice, à l'autre, son interstice

Je brise le silence, me lève, la salle
Frémit, je dormais finalement, ou non
Mon stylo écrivait seul, il s'est fait la malle
Je m'attaque à des écoles de renom

Fabulle 16/04/2012

samedi 14 avril 2012

Ticri quoi?

On a déjà beaucoup dit de mal de lui
Alors si on pouvait y aller mollo, cette fois
C'est pas de sa faute s'il est mauvais, il fuit
Le talent comme personne, il défigure les lois

De la chanson, du cinéma et de la poésie
Oui, tout ça en même temps, pas facile
D'être mauvais, on croit que cette hérésie
Est faisable par tous, mais non, difficile

De faire du pas bon, il me fascine
Et si je pouvais déjà lui dire ça
Ça pourrait être considéré comme sympa
Car seul, la scène, tout bonnement, il l'assassine

C'est un dieu de la nullitude, néologismes
En pagaille pour qualifier cet artiste
Je vais lui dire ça, je crois, l'altruisme
Dont je fais preuve me fait peur, arriviste

Fabulle 12/04/2012

mercredi 11 avril 2012

Paris, Mathieu, et vous...

On se retrouve tous dans le métro
Mathieu, moi, Dieu, et tout le monde
On descend à une station, et dans le rétro
Défilent nos vies, nos amis, la terre féconde

Où nos familles ont vécu. On communie
Aussi dans ce tramway souterrain, un voyage
Forcément pas comme les autres, on s'unit
Pour le meilleur et le meilleur, car à tout âge

On ressent Dieu, on s'en rapproche chaque jour
Ce métro m'amène à Montmartre, ce funiculaire
M'élève vers les cieux, comme quand au petit jour
Saint Denis marchait, cette histoire de mystères

Fait mouche, dans le même bateau, nous réunit
Paris, vous, tout cela valait bien une messe
Celle de Mathieu, qui au doux son uni
Des cloches de Paris, fait un pas vers la sagesse

Fabulle 10/04/2011

La hantise de l'amour

Pourquoi les poètes sont-ils tous hantés
Par les femmes, par l'amour, les sentiments?
Ils rêvent d'amours impossibles, inventés
Par leurs esprits sans fin, le poète se ment

A lui-même! S'il écrit, c'est pour pécho
Finalement, car c'est le but de tout homme
C'est la vérité, sans sentiment, d'un cachot
Il pourrait aimer la solitude, mais comme

N'importe qui, il tuerait pour une compagnie
Et l'égoïsme lui fera inventer cet amour
Dont il ignore la mécanique, le déni
Que cela implique, le déni de soi, pour toujours

Il aimera, il écrira, il promettra
La lune, des cadeaux par milliers
Alors qu'il ne croit pas à tout ça, il se vendra
Pour une femme, car il est fou à se lier

Fabulle 08/04/2012

jeudi 5 avril 2012

Péril jeune

J'ai peur de cette jeunesse, disait Platon
J'imagine alors son affliction devant la nôtre
Car il ne verrait d'un premier regard, les cartons
D'une première jeunesse, perdue, sans autre

Ambition que d'avoir le plus d'amis sur Facebook
De feindre l'activité devant la télévision
A songer de quelle façon va-t-il tuer dans le souk
Le pire ennemi d'Altaïr, à éviter les révisions

Futiles, classiques sur les philosophes en voie
De disparition, sur des esprits hermétiques
Dont même ceux-ci ne se comprenaient pas, il croit
Pourtant à l'Internet, au ciné, mais non pas à la Poétique

Qu'Aristote nous a enseigné, alors qu'en regardant bien
Les mots virevoltent sur Tweeter, les traits d'esprits
Aussi fins que ceux de Voltaire, une culture de liens
Que référencent nos jeunes, Platon, range ton mépris!

Fabulle 05/04/2012

Rompre la monotonie intégrale

Déjà 2 jours que je révise, et trois heures
Que je me lève dans le seul but de rentrer
Tout ce qu'il y a à savoir, quels malheurs
Faut-il mélanger pour obtenir au bout de sa craie

Des théorèmes parfaits, des principes excellents
Au cœur de roc, ils ne vous décrochent un mot
Entre deux respirations, tout devient si lent
Votre cerveau, votre vie, et vous courbez le dos

Sur votre chaise, celle-ci vous aura soutenue
Jusqu'au bout, une fidèle amie, mais je la quitte
Je rêve d'air, d'oxygène, je voudrais être à nu
Devant mes connaissances, pour les voir, elles s'agitent

Elles voudraient bien sortir, rompre la monotonie
Qu'est devenu ma vie, je mange, j'apprends, je dors
Le monde défile à une vitesse, j'atteins l'aphonie
Tout ça pour dire, 12 jours à tenir, encore...

Fabulle 04/04/2012

Rien de plus humain...

En avril, ne te découvre pas d'un fil
Le poète pourrait suivre cette recommandation
Sans se dévoiler, se confesser, pour que l'asile
Le laisse tranquille, mais une soirée de révision

En décida autrement, le fil de ma vie
Celui d'Ariane et d'autres se déroule
Devant mes yeux et les leurs, on dévie
Pour ne pas tout raconter, on s'enfonce, on coule

Mais pour mieux remonter, retourner à flots
Peut-être, et les langues se délient, changent
De registre, les paroles s'envolent dans ce huis clos
Se répercutent contre des murs avides, ils mangent

Les sentiments que les hommes avouent, enfin
Car eux seuls peuvent s'y retrouver dans les méandres
De la vie, ces vies sans issues, et sans fins
Dont on ressasse ce que nous font sentir nos cœurs tendres

Fabulle 03/04/2012

C'est une autre croisière qui commence...

Je néglige depuis trop longtemps mes lecteurs
C'est-à-dire moi, je vous dis que ça va changer
Je repars en croisière pour ce mois, ce bonheur
Je le dois au travail dans l'espoir que l'étranger

De la vie ne s'échoue pas sur de frêles esquifs
Qu'une mécanique sournoise me coule par le fond
Je crains l'amer comme l'acide, la base du bijectif
Ensemble, tout devient possible, dénombrer ces ponts

Ces mines, ces centrales, je rêve de supérieur
Mais cela passe par faire quelques bornes
En solo, je me lance, j'ai finalement vider mon trieur
C'est la fin, mes amis, d'une médaille, je vous orne

Car après tout, on a bien bossé, mais pas assez
Je le sens, traîtrise qu'est cette mémoire
Au matin du 16, je commencerai l'unique essai
Pour qu'une autre vie débute, il faut y croire...

Fabulle 02/04/2012

Poètreries III

I want to know the secret of jokes
I vant to know the secret of laughing
Avant qu'après l'Everest, éclate mes cloques
J'ai gravi l'insurmontable, le temps d'un shopping

Car j'ai prêté ma carte bleue à ma sœur
Et c'est ma carte vitale qui a trinqué
Je suis tombé dans les pommes, mon cœur
A sursauté, face à l'addition, braquer

Une banque, j'aurai dû pour réparer
Cet arbre tombé dans mon jardin, du ciel
Il vint, d'un avion cargo même, je dirai
Bref, j'ai dû brancher ma nouvelle bielle

Pour découper en petits morceaux ce ventripotent
Clandestin, ma sœur m'aida, mais salit
Ces nouvelles chaussures, nouveau moment
De prêt de cartes, nouvelles blagues, nouveaux délits

Fabulle 01/04/2012

Et il court toujours!

Comme toujours, je cours, je ne sais pourquoi
Mais je cours, comme si on m'avait dit de courir
A n'en plus s'arrêter, jusqu'à en mourir
Si je m'arrête, mon cœur aussi, pour ça, je dois

Continuer de courir comme mon père me l'a dit
Il me disait: "Cours, tu verras, la vie passe
Plus vite, tu ne verras pas toutes ses impasses
Tous ses ennuis, ses problèmes, tu courras pardi

Et à force de courir, ce qui devait arriver
Arriva, on me repéra, félicita, m'entraîna
Dans une cour de gens comme moi, un gars se démena
Une fois pour me battre, il est tombé à l'arrivée

J'aurai voulu lui demander: Pourquoi court-il?
A quoi cela rime? Moi-même, après tous ces kilomètres
Je ne sais toujours pas, mais chaque mètre
Est une victoire en soi jusqu'à franchir la ligne

Fabulle 18/03/2012