16h56 – De nouveau dans le tram A, pour
aller à Palais de Justice, terminus du tram B. 1 minute après, il démarre, je
ne perds pas de temps. 5 terminus en quatre heures. C’est pas mal. Mais à ce
rythme-là, je finis vraiment à 21 heures, heure où les trams se font plus
rares, donc encore plus difficile d’avancer. J’ai fait une escapade à Géant
Casino pour trouver de quoi me désaltérer. J’ai chaud, il fait chaud, et je
cours presque à chaque terminus, chaque changement, pour avoir le prochain tram
et ne pas le louper, soit d’éviter des minutes supplémentaires. Ce n’est pas
une course, car il y a des arrêts imposés mais ça y ressemble étrangement. Mon
Pékin Express à moi, sans Pékin, sans auto-stop. J’ai même dépensé mes 1 euro
quotidien. Enfin, il me reste 21 cts à dépenser. Que peut-on acheter pour 21
cts en France aujourd’hui. Je ne sais pas, je demanderai peut-être dans
une boulangerie, lors de la grande traversée du centre, elle se fera à pied si
j’ai pas de chance.
17h04 – 4h que je
suis parti. Je me sens bien dans ce tram trip, comme si voyager, écrire,
faisait partie de moi. Certes, je ne vais pas loin, mais l’intention y est. Je
traverse des rivières, des autoroutes, et des rails. Je vois des choses
marrantes dans le gouffre de la routine et du quotidien. J’écris mon chemin, et
le chemin écrit pour moi.
17h08 –
J’arrive à Saint-Bruno, je décide d’aller à pied à Palais de justice, de toute
façon, pas l’ombre d’un tram dans le coin. Chemin que j’avais déjà fait, à pied
ou à roller. Et 17h13 arrive à Palais de justice, je m’assis au même endroit
que mon deuxième samedi à Grenoble. Sur le banc où derrière, les choses de la
résistance se racontent.
Grenoble – Palais de justice
On ne rend pas la justice
le samedi
Les avocats doivent voir leurs femmes
Le juge a à cultiver ses radis
Et
les criminels, à se dépatouiller avec leurs âmes
Non, le week-end, les crimes
peuvent-être commis
La justice ne jugera que lundi avec des juges fatigués
De
l’anniversaire du beau-frère de la veille, les amis
S’en sont mis une bonne
avec lui, piquant du nez
Il traitera donc les dossiers avec sévérité
Car vaut
mieux être sévère quand on s’endort
Le laxisme est trop vite éloigné de la
vérité
Le jugement trop rappelé, voir cassé jusqu’à mort
Alors le juge attendra
mardi pour à tête reposée
Juger les affaires avec sérénité et sang froid
Que le
criminel n’aurait pas versé, c’est osé
Comme défense, va avec la perpétuité,
c’est la loi
Fabulle 26/07/2014
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